La rose noire d'Astarate - L'Apocalypse 1ere partie

Publié le par Janus

Heureux ce jour, où tu es apparue à mes yeux fermés

Couverte par ce voile, tissé dans les rayons d'étoiles.

Ces doigts fins d'albâtre, se posent sur des traits étirés

De cette âme éteinte, qu'avec ta lumière, tu dévoiles.

 

Un cœur de sept anges, résonne par ta voix, chantant

L'éclat, des chandeliers en or, volés aux soleils d'été

Qui brillent dans le cœur, d'un hère, un pauvre manant,

À l'esprit en errance, être vivant, sans âme et volonté.

 

Prosterné, face à ce miracle arrivé d'un lointain paradis,

Ai brûlé dans les feux, sortant des yeux venus d'enfer,

Pourtant froids, habités par les flammes d'un bleu d'iris,

Où, nous irons en mourant, où nos destins s'enferrent.

 

Quitter celle qu'on aime, partir loin pour mourir d'amour,

Le mal est l'unique nourriture de l'âme, qui nous reste.

Perdue la lumière dans les yeux, enfermés dans la tour,

Eteintes les étincelles, parsemées sur la voûte céleste.

 

Mourir, pour vivre son éternité dans une grande solitude,

Ou bien vivre seul, en attendant une mort bienfaisante.

Vouloir endurer le malheur, sans en prendre la certitude,

D'un bonheur qui sera présent, dans une vie naissante.

 

Prier ces dieux, les mains posées sur la main d'un ange,

Aller chanter une hymne païen, à l'église de ces corps,

Mettre genoux à terre, en face de celui né dans la fange,

Qu'on croit déchu, le sang sortant en larmes des pores.

 

Accepter l'adultère, seule supplique à l'autel des femmes,

Perdre son âme, pour les lèvres qui s'unissent à la nuit,

L'enfer sera un autre monde, peuplé des êtres polygames,

Pleurant la triste éternité, privée du feu d'amour, qui luit.

 

Avoir le monde à ses pieds, même couronné d'une auréole,

Ne vaudra pas une heure d'amour, quand corps et âme

S'attachent, pour une folle étreinte, qui le fera l'unique idole

D'un autre, le temps que la vie meurt et, le soleil la fane.

 

Sept vies, pour autant des passages au monde des ombres,

La porte en marbre blanc, qu'on pourra jamais refermer.

Tant d'avenirs noirs, mourants, en tableaux blancs, sombres,

Des cris silencieux, qu'appellent un baiser au goût amer.

 

Je garderai au fond de moi, tes mots aux couleurs arc-en-ciel

Comme un royaume glacé, naissant d'entre les flammes.

Ce lieu saint, hanté par nos diables, donne une rivière de miel

Sous la caresse de nos baisers, nous sommes damnes.

 

Accepter le châtiment, pour cet instant d'amour, à l'air éternel,

Pour prendre à nos dieux, l'auréole du bonheur, de l'âme.

Brûler au sein d'un seul enfer, enfermé dans le temps charnel,

Niant le froid, les habits blancs, du paradis vide et infâme.

  

En restant pauvres, des regards remplis, par l'unique douceur,

Nous garderons en nous, seule richesse, d'amère solitude

Et, la vaincrons aux sons des cornes de brume, dans la terreur

D'un éternel malheur, aux chants d'anges, en décrépitude.

 

J'ai regardé, le visage étonné, une porte qui s'ouvrait aux cieux,

Aux sons d'une trompette, chantant, la fin de notre monde.

Couronnée de lumière, en robe blanche, courant vers ces lieux,

Vers ces heureux endroits, où le bonheur de la vie, inonde.

 

Cette place, où se marient, l'amour, foudres avec les tonnerres,

Où, nous avons, à deux, tourné le dos au temps qui passe.

Sans voir les anges nous entourant, en chantant les éphémères

Secondes de joies, enfermées, une après l'autre trépassent.

 

Nous pensions être égaux des dieux, de l'amour qui nous brûlait,

N'avons pas vu, ces yeux remontés d'enfer, posés sur nous.

La griffe, prête à arracher les chairs, dans le coeur blesse taillait,

À l'instant où ce qui anime la vie, serait cruellement mis à nu.

 

Remerciant la vie qui laisse voler au vent, les blanches colombes,

Cache, pudiquement, celles qui sont mortes, les ailes brûlées.

Lui rendre grâce, les mains tendues, en adoration, vers les autels

De mon dieu d'amour, en habits blancs, aux parfums d'azalées.

 

Le livre de nos vies, fermé dans la main, sous les yeux étonnés

Malgré l'envie, nous n'en avons pas le courage pour l'ouvrir.

Relire notre passé, apprendre les mensonges qui nous ont tué

Connaître cet avenir dans lequel nos âmes iront un jour, finir.

 

Savoir qu'adviendra de la vie, où notre temps nous emmènera,

Sur ces chemins bordés d'épines ou blanches fleurs de lys.

Qui seront ces anges, aux cheveux d'or, que l'avenir emportera

Ailleurs, vers d'autres horizons, pour construire leurs oasis.

 

Nos yeux, nos rêves, ensuite, iront dans les contrées lointaines

Là d'ou personne, jamais n'en est venu, conter les mondes

Remplis de lilas blancs, où nous serons, dans les vertes plaines,

Nous écoutons en paix, le vent d'été sautillant sur les ondes.

 

Quand le soleil disparaîtra sous l'horizon, la lune, reine blanche,

Prendra, en maîtresse absolue, les rennes du jeu d'ombres.

Pieds ensanglantés par ces épines, dans lesquelles on marche,

Aveuglés par les larmes, perdus sur ces chemins si sombres.

 

Le paradis, c'est mué en enfer, les anges ont ôté leurs masques,

Des ailes qui sont tombées en poussière, les chairs brûlées.

Visage grimaçant, entouré par les flammes, les êtres fantasques

Nous hantent en voletant, ourdissant des noires bourrasques.

 

Le rêve laisse la place aux cauchemars, le blanc au noir corbeau,

Et rouge feu, vient remplacer le bleu du ciel, des étés calmes.

Quant à ta main, avec douceur et bonheur, j'ai passé cet anneau,

Qui pouvait voir, que la porte fut ouverte, aux âmes damnées.

 

Nous quittons le ciel, au dos d'une licorne, sur les ailes du vent,

Pour vaincre toutes nos frayeurs et régner sur la lumière.

Descente en enfer, entourés par le noir de nos esprits errants,

Dans le cri des enfants, mourants, sur cette maudite terre.

 

Ces chants divins qui se perdaient dans les nuages gris blancs,

N'arrivaient plus à nous, tristes pantins aveugles et sourds.

Nos mots, autrefois caresses, nous frappent en fouets cinglants,

Les rires sont devenus des pleurs, noyés par les remords.

 

Des vers rampant sous terre, s'imaginaient briller tels des soleils,

Croire la beauté des anges, pour accoucher des monstres.

Se nourrissant du vide, éveille aux confins des morts sommeils,

Prendre les coups de foudres, pour des douces caresses.

 

Vivre le rêve comme s'il était vrai, aux frontières des cauchemars,

Croire en un dieu blanc de pureté tout en priant les diables.

Caresser son enfant, sur un sourire figé par des cruels poignards,

En attendant qu'il ouvre ses yeux, pourtant, à jamais fermés.

 
Aux quatre coins de la vie, des anges déchus regardent l'avenir,

Gardant en leurs mains, toutes ces tempêtes qui menacent.

Ce soir, illuminé par les étoiles du printemps, qui tarde à revenir,

Comme le calme nous entoure, par les silences qui agacent.

 

Un moment choisi, pour un départ vers l'infini monde de lumière,

Main dans la main, avec cette vieille femme habillée en noir.

Laissant derrière toi des larmes, qui transforment le cœur en pierre,

Ces douleurs tordant l'âme, que nul, ne peut jamais entrevoir.

 

Un ange, descendu sur cette terre, prouvant à tous son existence,

Parti trop tôt, quittant ce petit corps, figeant le sourire joyeux.

Infligeant cruellement, à ceux qui t'ont connu, cette âpre pénitence,

Tu as coupé les ailes du rêve et, fait naître la haine des dieux.

 

Nous avons porté, comme une croix affligeante, la petite dépouille

Vers son ultime maison terrestre, au lit d'un éternel sommeil.

Petite vieille, à jamais jeune, la dernière fois, le coeur s'agenouille,

Et dire adieu, du monde triste, qui ne sera plus jamais, pareil.

 

Nos mots, chaque jour, qui se transforment en poignards acérés,

En grêle et feu, trempés au sang qui coule du cœur blessé.

La douleur nous change, sortant les maux longtemps, enfermée,

Refroidissant nos âmes, assoiffées par une lourde détresse.

 

Une dernière fois, mes pas, ont résonné au sein de ce vieil temple,

Mon poing s'est levé vers toi, haineux, pour la menace finale.

Les yeux remplis de glace, le cœur figé par le noir, je te contemple

Avec la bouche pleine, du goût amer, de ma vindicte bestiale.

 

Ce jour-là, j'ai vendu mon âme, au monde des ombres et des morts,

Faisant serment aux feux, qu'elles brûleront dans mes veines.

L'enfer prendra enfin, sa place en conquérant les blancs contreforts,

De celui qui, à la genèse des temps, a enfermé ici, nos peines.

 

Étoiles tombant, éteintes par les larmes, naissant des abîmes,

Dont nous n'aurons plus jamais, le feu qui les rallume.

Les yeux sont éteints, perdant leur flamme quand nous vîmes,

Vers où, ces pauvres esprits, portant des chaînes, errent.

 

Bras ouverts, j'ai fait naître les dragons dans la plaine de l'âme,

Pour accoucher de leurs souffles, l'immense désert noir,

Peuplé des haines profondes et malheurs, où l'amour se fane,

Par le plaisir de mort, au goût de sang, au fond du miroir.

 

J'ai tourné le dos, en refusant de voir ce temps, qui, lui, passait,

Les jours où ma bouche, fût remplie, des amères injures,

Venues à la place, de ces mots doux, ceux que mon cœur tuait,

Laissant des cicatrices, creusées aux venins de brûlures.

 

Ni ciel, ni terre, ne peuvent charrier ce poids, né dans la douleur,

Des foudres nées dans cette haine profonde, qui aveugle.

Nous les avons lancées blessant nos cœurs, en tuant le malheur,

Aux joies du combat, le temps d'un futur, mourant et violent.

 

Peu à peu, les chemins sans fin, de notre haine, se sont séparés,

Le jour, où d'un coup de griffe assassin, j'ai arraché le cœur,

Tuant ainsi, l'amour qui te restait, laissant les âmes désemparées

Errer, prises d'une folie solitaire, à vivre habitées par la peur.

 

Enfin, en regardant autour, aux frontières noires, de mon royaume

De désolation, peuplé par la solitude de l'être frère de la nuit.

Assis sur une pierre, dans le son sourd et lancinant de cet psaume

Chantant la joie éternelle, d'un nouveau roi, qui a tout détruit.

 

Dans l'antre vide, assis près du feu qui joue dans l'âtre, l'œil rivé

Vers l'infini, cherchant les ombres d'un passé, enfui au loin,

Mon esprit part, tel un bateau fantôme, sans gouvernail, il dérive

Au gré des vents gris, de ma détresse, la mer en est témoin.

 

Quelque part dans les ombres, ce visage, qui flotte dans les airs,

Sorti d'un songe humain, me parle de ses larmes et détresse.

De cet endroit où vivent, ces âmes passant leur temps à s'éblouir

Au soleil d'un sourire, aux rires joyeux d'enfants dans la liesse.

 

Ce monde mort, dans les tréfonds des âmes, qui ont perdu le jour,

S'égarant dans la nuit, sur ces vides chemins croisés à l'infini.

Ces bouches asséchées, oublient qu'elles peuvent parler d'amour,

Qu'elles peuvent embrasser tes lèvres, le long des douces nuits.

 

Errer, passer son temps et, voir mourir sa vie au bord des nuits,

Faire de la nuit, jour, de peur de s'endormir, avoir des rêves,

Attendre un miracle là où le dieu est mort, quand tout est détruit,

Et finir la guerre, sur un espoir déçu, des mensonges de trêve.

 

Chevauchant un monstre, de frontière en frontière, de ce monde

Où plus rien n'y vit, ni feu, ni chaleur, la glace règne en maître,

Le soleil cache son visage, du froid, laissant l'eau figer son onde,

Comme ce passé perdu, ces souvenirs, de la rougeur de l'âtre.

 

Fuir ma solitude et la chérir comme mon unique fidèle compagne,

Sécher les larmes, partir, chaque fois qu'une âme m'approche.

Tracer son sillon dans la neige blanche, au pied d'une montagne,

Sous les coups des blizzards, jour après jour ma vie, s'effiloche.

 

En attendant ce signe, qui viendra un jour, du milieu du nulle part,

Chasser mes frayeurs, des fonds de mes pensées, désertiques.

Celles dans lesquelles la nuit finira, où la vie, franchira ce rempart

Fragile, monté pierre sur pierre, emporté par la hâte, frénétique.

 

Un songe, vient, s'insinue furtivement, au milieu de mes pensées,

Des ombres chinoises, sur les murs gris du vieil esprit assombri,

Tâches difformes, courant fébrilement, sans sens, en rêves tissées

Qu'arrivent par vagues, de ma mémoire, livre jamais encore écrit.

 

Fermer les yeux et se laisser partir, ailleurs, pour trouver les traces

De ce qui fut, avant, d'un espoir de bonheur, cachée en ton sein,

Qu'il nous a volé, la nuit, dans ses griffes cruelles, ce destin vorace,

En laissant derrière, désemparés, deux êtres aux âmes en déclin.

 

Quand le sommeil vient en libérant l'esprit, elle apparaît doucement

Petite luciole au coin d'une ombre grise, s'approche en tremblant,

Elle grandit, pas après pas, me tendant, sa petite main, tendrement,

Laissant couler trois notes imaginaires, d'ailleurs, d'un vieil chant.

 

Ces mots qu'arrivent à moi, en petits papillons aux ailes multicolores,

M'entourent de leur souffles, ils se posent, puis s'envolent encore.

Une fille morte vit au-delà des existences, dans ces lieux imaginaires,

Où la pensée dessine, va à l'infini, frôle les étoiles, tel un météore.

 

C'est donc cela cet autre monde, où nous allons après notre passage,

Et ouvrira sa porte, avec le dernier fil d'air, que nous allons expirer.

La paix de l'éternité, pour l'âme pure, qui n'a pas pu, ne pas être sage,

Car si jeune, trop petite, le temps à manque en arrêtant de respirer.


Tant d'années ont passés, qui ont blanchi mes cheveux, de leur neige,

Sans retrouver la paix, zombie respirant au milieu de la tourmente.

Cherchant une mort, toujours cachée, à maudire le sort qui me protége

Contre elle, la vieille compagne, qui cette fois ci, est trop clémente.

 

 

 

janvier à mars 2008

 

Publié dans Paradis et Anges

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